|
|
Ma Mère est morte. Vive ma Mère |
|
J'ai perdu ma mère, je n'ai vraiment pas de tête me direz-vous ! Justement, comme je n'ai pas de tête, elle a encore choisi de me protéger en partant un 28 février car c'est une date facile à mémoriser pour moi : c'est le dernier jour du mois de ma naissance. Il faudra juste que je veille à ne pas me tromper tous les 4 ans ; j'ai déjà fait un delete de tous les 29 février à venir dans tous mes agendas électroniques et dans mon téléphone portable, donc je suis tranquille pour quelques centaines d'années, rassuré de ne jamais oublier de lui souhaiter ce mauvais anniversaire. 28 février, 28 février, 28 février, 28 février, 28 février, 28 février jour de Saint Romain et Saint Lupicin; maman tu t'es donc laissée emporter par ces deux saints qu'on avait jamais vus jusque là, mais bravo, ce ne sont pas toutes les mè qui se payent le luxe de partir comme ça avec leur paire de saints! Nous tes enfants te laissons partir, sois en paix , moi ton fils suis riche du souvenir de ton amour qui protégeat si souvent de l'agresseurs à l'entours. Prends tes saints par la main, suis les, ils t'emmènent vers le paisible néant vierge de toute souffrance que tu ais pu endurer. Mais je m'égare sur cette paire de faux saints, j'oublie l'athéisme fier de maman, elle a toujours revendiqué ne pas croire en dieu, Dieu merci, si bien qu'en bon fils apostat j'ai adopté sa religion athéiste en toute bonne foie ! Je fais donc fausse route à m'étendre sur les saints de ma mère, il faut que je rectifie le tir alors ! Je ne sais pas pour qui j'écris , pour toi, pour moi, pour les autres , ou pour l'autre ? Me lirai-je sur ton corps vidé de ses sens? Qu'entendraient tes oreilles sourdes et que comprendrait ton cerveau éteint ? Dois-je associer mon écriture , la mettre en rivalité à celle de mon dit père; ce bon père qui m'a exclus du deuil familial, volontairement ou par mépris de ma souffrance , peu lui importait, peu lui importera toujours. Il va ètre l'heure de t'enfourner, nous attendrons le feu vert de ton époux qui s'exhibe aujourd'hui en mari aimant meurtri de douleur, certainement ressent-il la mème douleur que tu devais supporter en recevant ses coups que je l'ai vu t'asséner avec précision au bon vieux temps. Rassure-toi; tu seras inévitablement souillée d'eau bénite avant la cuisson puisque ton mari soudainement décoré de la Médaille du Grand Amour n'a pas oublié dans sa grande délicatesse de programmer une bénédiction, bénédiction que tu as toujours rejeté vigoureusement de ton vivant, une belle peuve de cet amour tombé du ciel que ce mépris de tes desiderata, une belle peuve de cet amour divin que cette occultation de tes convictions profondes, au profit d'un gain spitituel vaniteux et menteur ! Parlant d'amour, parlons de l'Amour. L'amour que tu m'as donné continuellement malgré les tentatives exterieurs de censure, je le garde profondément en moi car il me guide dans l'expréssion de l'amour que je souhaite déclaré à mes enfants et àmon mari, àma Tante que tu as chargé je le sais de garder un oeil sur moi, à ma soeur si elle se libère un jour de l'emprise perverse qui la monopolise et l'aveugle aujourd'hui, à mes amis et à mes futurs amis. Merci Maman pour cette confusion d'amour enfoui entassé et éparpillé. Tu m'en a inondé autant j'en ai été privé par ailleurs.
A toi : Où en suis-je, je m'assoupi sur le clavier du PC marquant ainsi des lignes de Z que je gomme aussitôt d'un coup sec de souris. Je m'épuise dans ces nuits blanches qui me mènent à ce samedi qui te carbonisera Maman . Mes dernières heures de sommeils remontent à quelques jours maintenant. Blanchir ces dernières nuits à passer à quelques rues de celle ou tu as oublié ta dépouille m'aident à m'éclairer dans le noir de mon âme engloutie sous des larmes retenues qui refusent de libérer de mes yeux. Je te remercie d'avoir accepté tes 3 enfants tels que tu les a fait et non comme tu aurais voulu les faire, tous différents et chacun avec leur propre identité (deux artistes, un papa-pédé, c'est pas commun tout ça, mais toi non plus tu n'est pas commune la Mère) . Je te remercie de nous avoir aimé comme tu l'as pu, je sais que j'ai eu la belle part, ce serait idiot de l'ignorer ou de le nier, j'en ai bien profité, sans protéger ton image pour nous autoriser à assumer chacun la notre. Tu sais bien que la générosité n'est pas donnée à tous les parents. Je suis fier et heureux d'avoir hérité de toi de cette générosité. Côté héritage, j'ai hérité de ton époux que d'autres nomment mon père, l'art d'exprimer difficilement mes sentiments douloureux ou profonds ; c'est donc les yeux secs, le regard scrutant et les traits tirés que je viendrai te rendre un dernier hommage Maman , dans la foule de tes admirateurs, tel un digne Santelli, ma souffrance étouffée je semblerai fort et tacherai de ne pas trop exprimer, ainsi mon dit père sera fier de cette image cultivée, une image forte et imperturbable loin de toute sentimentalité faible, image culte de sa famille déchue sans toi. Famille déchue, nous perdons notre ciment aujourd'hui, car notre ciment n'était autre que toi, même si des fois il prenait l'apparence d'un plâtre poreux. Nous perdons notre D'Artagnan avec toi maman, et nous allons nous perdre les uns les autres car n'ayant pas appris à crier haut et fort 'Tous pour Tous'', ton départ nous retire la possibilité de continuer à crier 'Tous pour Une ! et Une pour Tous''. D'Artagnan, un rôle d'homme fait pour une comédienne comme toi à la voix grave, devenu aujourd'hui un rôle sans interprète sur la scène familiale. Que ton départ ne sois pas stérile, le départ d'une mère ne peut pas être stérile, la stérilité n'est pas l'essence de la maternité. Je ne peux que considérer ton départ comme ta plus grande preuve d'Amour que tu ne m'ais jamais donné, car en m'abandonnant tu me fais réaliser que je ne dois en aucun cas abandonner mes propres enfants ; je veux les aimer mieux que jusque là, pour qu'au jour de ma mort ils ne se sentent pas perdus comme je le suis aujourd'hui, qu'orphelins ils se sentent portés par la réserve d'amour que je leur aurai donné jusqu'à ce jour très futur je l'espère pour eux comme pour moi-même. Merci pour ton départ qui m'assomme mais m'éveille : aujourd'hui j'ai le choix obligatoire de réagir, d'agir, de découvrir mon importance pour mes kids afin de comprendre leur importance pour moi. Je savais qu'une maman possédait ce rôle inné par le modèle que tu nous as donné, et aujourd'hui j'apprends que moi aussi je me dois de mettre en évidence ma place de père aimant pour éviter à mes enfant de jouer un jour le rôle que je joue aujourd'hui, celui d'un enfant perdu, orphelin de sa mère morte soudainement et de son père rejeté par nécessité. Ton départ vient donc révéler le manque d'un modèle que je n'ai jamais eu ou jamais vu (peu importe car il est trop tard pour le chercher encore ou de nouveau sans conviction) en me faisant prendre conscience de ce manque auquel tu t'es efforcée vivante de palier vivement. Je te remercie car en te perdant, je me trouve et je trouve ma valeur et ma place, en perdant ma mère je comprends ce qu'aurait du être que d'être un fils, et ainsi je comprends ce qu'est que d'être père, c'est un peu ambivalent me diras-tu maman, mais qui ne l'est pas (humamour) ? Ce qui importe c'est ce que ta perte et la perte de ton Amour inconditionnel m'oriente sur la route de mon Amour. Ma vie va continuer et me permettre de réaliser pour, et de donner à, ceux que j'aime sans condition ni obligation ni devoir, mais par simplement par nature : mes enfants. Maman tu es morte aujourd'hui, et aujourd'hui je ne suis plus enfant, c'est toujours bien de grandir, même si grandir c'est s'approcher de la mort, grandir s'est avant tout s'approcher de ceux qu'on aime en les aimant mieux, je m'y attèlerai dès que tu auras pris feu, pour que tu termines heureuse dans un feu de joie. Grandir fait souffrir aujourd'hui mais soulagera demain. Tu nous quittes, c'est toi qui pars, qui abandonne la partie, pas le choix pour nous qui restons sans toi, mais tu restes en nous tous. RIDEAU !!! mais tu restes pour toujours :
Tu nous as quittés sans t'en rendre compte, c'est bien de toi ça, étourdie et rêveuse et idéaliste ! Des fois c'est un peu chiant ce côté 'ça plane pour moi'' mais là ça t'as sauvé la vie puisque tu n'as pas vue la mort venir, un sacré coup de bol pour toi, parce que je te jure que après t'être endormie dans ce comas, t'étais pas jojo et t'aurais pas aimé te voir comme ça ; donc bravo l'artiste pour cette pirouette jouée à la mort Etourderie et rêve et idéalisme ! Nous avons tes 3 enfants hérité de ces qualités qui passent pour des petits ou gros défauts aux yeux d'autres plus carrés ou plus stricts ; ce sont de grandes qualités qu'il faut cultiver et entretenir sans cesse pour voir la vie belle, toujours plus belle afin de profiter heureux de la vie même quand elle est difficile, et mépriser la mort qui de toute façon aura le dernier mot. Je méprise aujourd'hui la mort pour ne pas lui donner de plaisir, je la méprise même si aujourd'hui elle m'arrache les tripes en les saisissant entre ses mains acérées vicieuses et torturantes, ses mains qui t'ont arraché les poumons qui te permettaient de respirer a fond pour supporter les injustices que nous t'avons parfois fait subir; je la méprise cette ordure qui viendra inévitablement me chercher aussi, puis mes enfants, puis les leurs, sans fin, je la méprise cette saloperie de mort car je veux profiter de la vie que tu m'as donné pour rendre hommage à ton travail dont je suis une des 3 uvres issues, et je suis fier d'avoir été créé de ton ventre, de ton inspiration et de ton amour ; 1er tableau d'un beau triptyque. De ce triptyque ne reste que les 2 extrêmes ; le 1er tableau un peu brouillon et la 3ème toile plus artistique dans la forme, mais tous issus du même génie de création, le tien. Ta mort rapproche ces 2 pièces jusque là séparées par l'absence de leur milieu et les conflits d'intendance, et nous trouverons bien une colle assez forte pour remplacer le ciment familial que nous n'avons plus en commun, pour mieux te rappeler au bon souvenir du cercle de tes survivants, bien au delà du bien et du mal que tu ignores désormais paisiblement. Profite de ce bon souvenir que je m'efforcerai d'entretenir avec ma s ur, et avec ma descendance qui est aussi la tienne, belle descendance dont tu as toujours été si fière même si ta fierté a en permanence été cachée par ta générosité et ton hédonisme dont je me revendique et me revendiquerai toujours toujours toujours, échasses permettant de traverser bien des terres boueuses qui se présentent sous nos pieds. Maintenant tu va brûler rapido, 40 minutes a four chaud comme tes bonnes quiches du dimanche, mais là c'est samedi et c'est pas de la tarte, juste toi qui quitte la table avant le dessert, pour pouvoir filer en douce et rejoindre à temps notre frère François pour lui souhaiter un mauvais mésanniversaire demain 11 mars, car le 11 mars comme maintenant le 28 février ne peuvent être que des mauvais mésanniversaires, y'a pas photo; embrasse le pour moi qui ne l'avais pas assez fait ici, ainsi que mon Paul son jumeau de date buttoir. Je n'aimerai plus jamais ces 2 jours qui sont voués au triste souvenir de vous trois bien aimés maman frère et compagnon, mais bon, il reste pleins d'autres jours - au moins 363 - que je te jure je consacrerai aux bons souvenir, à parler de toi pour te maintenir présente, morte-partie-envolée-calcinée, mais toujours présente. Désormais je reprends du temps et des force pour terminer et gagner le même genre de combat que celui que tu viens de perdre, mais maintenant à Madrid, où l'espoir d'un calme prochain et serein se concrétise, tu as pris toutes les mauvaises ondes pour toi, si c'était consciemment je t'en remercie aussi. Finalement... je me rends compte que ces au revoir sont remplis de merci, j'en conclue que ta vie a permis à bien des belles choses de prendre forme, ces merci représentent la valeur de ton travail parmi et autours de nous, pour nous. Tu peux désormais fuir la réalité, vraiment sereinement et dignement, dans la vie et non plus sur la scène du théâtre qui te permettait cette évasion en attendant la piqûre de rappel que tu viens de recevoir. Maman je t'aime, comment ferais-je autrement !?! Et je te jure de transmettre ton amour à ceux que j'aime, ils t'aimeront ainsi encore plus pour ce qui te connaissent, et apprendront à te connaître et t'aimer pour les autres, comment feraient-ils autrement !?! Ton ZIC, ton TOTO, ton Frédéric, ton fils, comme tu le sens, ils ont toujours tous la même mère ! |
||
| Ton ZIC, ton TOTO, ton Frédéric, ton fils ... comme tu le sens ... ils ont toujours tous la même mère !
|